Pays à l’honneur au Congrès 2020 : l’Autriche

Autriche : petit pays, grande histoire !

Après l’Indonésie en 2018 et la Finlande en 2019, c’est l’Autriche qui sera à l’honneur du Congrès 2020, les 3, 4 et 5 octobre prochains.

Par Françoise PERIER

En 1919, Vienne devient la capitale d’une république de 84 000 km2 et de 6 millions d’habitants contre 700 000 km2 et 52 millions d’habitants sous l’empire. Du puissant Saint Empire romain germanique au prestigieux Empire austro hongrois, l’Autriche devenue petite république fédérale, a su conserver sa souveraineté et sa culture plurielle. Aujourd’hui, l’école autrichienne du bio et ses pratiques de médecine et de soins naturels font école.

Culture bio : le bio autrichien leader en Europe

Les OGM sont bannis d’Autriche, l’un des premiers producteurs bio de l’Union Européenne. Rien de surprenant, car c’est à un penseur d’origine autrichienne, que l’on doit l’invention de l’agriculture biodynamique, « un mode d’agriculture qui envisage la Terre comme un tout, prenant en compte les équilibres des différents écosystèmes et les cycles naturels ». Cette nouvelle méthode qui s’attache à appliquer des traitements entièrement naturels aux plantes va ouvrir la voie de la cosmétique naturelle dont les principes visent à rétablir et maintenir l’équilibre des fonctions naturelles de la peau. Sans colorant ni produits de synthèse, cette cosmétique respectueuse des rythmes naturels, de l’individu et de son environnement, va connaître un succès international.

Natif de Donji Kraljevec (Empire d’Autriche), aujourd’hui Croatie, Rudolf Steiner (1861-1925) est le fondateur de l’anthroposophie (du grec « anthropos », humain et « sophia », sagesse). Il a posé les bases d’une médecine nouvelle : la médecine anthroposophique de l’Eurythmie (« art du mouvement »), du concept de l’art-thérapie avec l’eurythmie « curative » pratiquée dans le cadre de la médecine anthroposophique, sans oublier la pédagogie Steiner-Waldorf et le label Demeter.

« Le beau est ce qui révèle son intérieur dans sa forme extérieure. »
Rudolf Steiner, La Mission cosmique de l’art

Culture cosmétique pensée par des précurseurs visionnaires

Rudolf Hauschka (1891-1969)

Inventeur du procédé d’extraction Dr. Hauschka qui permet de conserver sans alcool les plantes médicinales, il est le précurseur de la Cosmétique Naturelle et Biologique.
Né à Vienne au temps de l’empire austro-hongrois, chimiste et anthroposophe, il fonde en 1935 en Allemagne un laboratoire pharmaceutique et cosmétique qui conçoit et fabrique des produits de qualité biodynamique ou biologique. L’entreprise prend le nom de Wala, acronyme des initiales de sa méthode de fabrication : Wala = Wärme (Chaleur) – Asche (Cendres) – Licht (Lumière) – Asche (Cendres).
En 2007, Wala, Weleda, Laverana, Primavera, Logocos et CEP, créent Natrue, organe de représentation international qui promeut la protection et la promotion des cosmétiques naturels et biologiques authentiques dans le monde.

Elisabeth Sigmund (1914-2013)

Née Resch, à Vienne, et passionnée par le monde des plantes médicinales et celui de la médecine traditionnelle, elle renonce à des études de médecine pour devenir esthéticienne. Sa découverte des produits du Dr. Hauschka la conduira à jouer un rôle important dans le développement de la cosmétique Dr. Hauschka. Grâce à sa rencontre au Danemark avec le Dr Vodder, « père du drainage lymphatique », elle met au point la stimulation lymphatique aux pinceaux, puis la gymnastique faciale, en s’appuyant sur la méthode d’un médecin viennois de renom, le Dr Rudolf Drobil. En 1967, elle développe une ligne de cosmétiques lancée sous le nom de « Cosmétique Curative d’Elisabeth Sigmund », qui par la suite sera rebaptisée « Cosmétique Dr. Hauschka ». Aujourd’hui encore, les Cosmétiques et la Méthode de Soin Dr. Hauschka sont inspirés par sa philosophie du soin.
Pour la petite histoire : sa grand-mère Anastasia lui transmet la recette de la fameuse « crème céleste », à base d’huile d’amande douce et d’eau de rose. On dit que c’était le secret de beauté de l’impératrice Elisabeth d’Autriche, dite « Sissi ».

« La première chose que nous révélons est notre visage. » Elisabeth Sigmund

Culture nature et soins naturels

« La santé à la pharmacie du Bon Dieu »

Ce livre best-seller qui a fait le tour du monde a consacré son auteur, Maria Treben (1907-1991), spécialiste mondiale des plantes médicinales. Son nom reste associé à la fabrication de remèdes anciens, baumes et liqueurs bio comme l’Élixir du Suédois, un « Élixir de longue vie » datant du moyen âge et remis au goût du jour au 19ème siècle par un médecin suédois.

« Le docteur local » : le bain de foin

Répertorié comme soin paysan traditionnel depuis 1803, il est légalement reconnu comme traitement médical à part entière depuis 1890. Récolté une fois l’an, le foin s’utilise en bain ou en enveloppement, c’est une méthode de balnéothérapie, sans doute parmi les plus anciennes. Le bain au foin des alpages soulage de nombreux maux et renforce le système immunitaire. La température de 40 à 42°C accélère la transpiration, favorise le processus d’élimination des toxines et permet à la peau et aux voies respiratoires d’assimiler au mieux les principes actifs des plantes. Il est riche en huiles essentielles dégagées par les fleurs de montagne comme l’achillée millefeuille, l’arnica, la gentiane, le mélilot, la potentille, la pulsatille, la valériane et la véronique. Calmant et décontractant, c’est un précieux allié pour les traitements et cures de détoxination. Attention, pour obtenir un effet maximum, il convient de mouiller et de chauffer préalablement le foin afin que les herbes puissent libérer leurs huiles essentielles. Quant au pollen des fleurs, il est retenu par l’eau, ce qui limite les risques d’allergie.

Le bain de foin est reconnu comme traitement médical depuis 1890

Culture paysanne et médecine naturelle

Ils n’étaient pas médecins mais souvent simples paysans, cependant leurs pratiques et leur parcours les a élevés au rang de thérapeutes et consacrés pionniers de la médecine naturelle. Leurs méthodes encore en vigueur sont aujourd’hui à la carte des meilleurs établissements de cure.

Johann Schroth (1798-1856)

Précurseur de la thérapie par le jeûne et la chaleur humide. Ses préceptes et sa cure d’amincissement font toujours de nombreux adeptes.

Vincent Priessnitz (1799-1851)

Initiateur d’une méthode de soin par l’eau, il fonde à Gräfenberg (aujourd’hui Jeseník, célèbre ville d’eau tchèque) le premier établissement hydrothérapeutique dans le monde. Tous les « people » de la société austro-hongroise venaient y prendre des bains.

« Le massage de Breuss »

Mise au point par Rudolf Breuss (1899-1990) naturopathe et guérisseur autrichien, cette technique de thérapie manuelle vise à débloquer les tensions nerveuses qui sont engendrées par les mauvaises postures et localisées au niveau de la colonne vertébrale.
Le nom de Breuss est indissociable de celui du guérisseur bavarois Dieter Dorn (1938-2011), connu pour sa « Thérapie dorsale selon Dorn ». La « méthode Dorn-Breuss », appliquée dans de nombreux pays, fait partie de la culture soin des pays germaniques et fédère des thérapeutes du monde entier. Breuss n’est pas seulement connu pour son massage thérapeutique mais aussi pour sa cure « anti-cancer » à base de jus de légumes, célèbre dans le monde des médecines naturelles.

Culture médecine holistique

« TEM » (Traditionelle Europäische Medizin), la médecine européenne traditionnelle, est une médecine holistique qui tire son pouvoir de guérison de la nature et qui traite l’homme comme un tout.
Il n’y a pas que l’Asie qui a une longue tradition en matière de guérison. Les enseignements d’Hippocrate, de Galien, d’Hildegarde de Bingen, de Paracelse et de Sebastian Kneipp pour ne citer que quelques maîtres de la médecine occidentale ont posé les principes d’une médecine globale qui traite la santé du corps, de l’âme et de l’esprit. Ses fondements : des soins de santé préventifs qui relèvent du domaine de la nutrition, de l’exercice physique, des herbes médicinales, des remèdes maison et du mode de vie en fonction des saisons et de l’âge.

Comme l’Asie, l’Autriche a une longue tradition de guérison

Soins du corps : la Cure de F. X Mayr (1875–1965)

Inventée par le gastro-entérologue viennois, médecin de cure à Karslbad (aujourd’hui Karlovy Vary, République Tchèque) et à Vienne, elle se déroule selon prescription et sous surveillance médicale. Ce jeûne curatif, préconisé en cas de problèmes digestifs, d’obésité, de fatigue physique et psychique, de maux de dos et d’hypertension, a pour but d’améliorer les fonctions intestinales, de purifier l’organisme et d’activer les facultés naturelles d’auto-guérison.

Soins de l’âme : la médecine de la psyché de Sigismund Schlomo Freud (1856-1939)

Né à Freiberg en Moravie (Empire d’Autriche, aujourd’hui Příbor en République Tchèque), ce médecin neurologue est le fondateur d’une nouvelle discipline des sciences humaines qui va révolutionner le monde de la thérapie : la psychanalyse.

« Le bonheur est un rêve d’enfant réalisé dans l’âge adulte. » Sigmund Freud

Soins de l’esprit : l’Analyse et la Thérapie existentielles de Viktor Emil Frankl (1905-1997)

Créée par le professeur autrichien de neurologie et de psychiatrie à l’Université de Vienne, la logothérapie est une méthode psychothérapeutique et d’analyse de l’existence (« analyse existentielle ») qui prend en compte non seulement le besoin de découvrir un sens à sa vie mais aussi la dimension spirituelle de l’homme.

Office National Autrichien du Tourisme : www.austria.info

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